Parce que c'est compliqué à raconter.
Parce que c'est compliqué à entendre.
Et bien, on se tait.
Tout juste, on effleure le sujet.
Et lorsque l'on parle de coups reçus dans son enfance,
nombreux sont ceux qui disent avoir été élevés à la dure.
Dans son for intérieur, on se dit, oui mais moi c'était pire,
mais on ne trouve pas les mots pour expliquer.
Et il y a quelques jours, par le biais d'un réseau social,
une amie d'enfance m'a contactée.
Après quelques échanges concernant nos familles respectives,
j'ai osé lui demander si elle avait eu conscience de ce que nous subissions.
Et voici sa réponse :
"Je comprends pour ta mère qu'elle porte ce souvenir de ton père ...
ce ne serait pas vivable pour elle autrement ...
je savais, j'avais remarqué et tes yeux en disais plus
quand tu racontais que tu tombais dans les escaliers ...
j'avais entendu mes parents sans qu'ils s'en rendent compte,
c'était tabou de parler de ce qui arrivait aux enfants,
et il circulait des trucs infâmes dans le bled...
ton père nous terrorisait
Vous viviez dans la terreur et nous avions vu
étant chez vous un jour ...que faire que dire ...
je sais aujourd'hui avec ce que j'ai vécu
qu'il n'y a rien qui doive empêcher de dénoncer quoiqu'il en coûte ...
Vous êtes forts tous, c'est si difficile de se construire
en ayant été traités comme ça, il faut faire du chemin
pour comprendre que ce n'est pas toi qui es en cause
mais l'autre qui est dysfonctionnant...
C'est délicat pour moi de te parler de ça
après tant d'années mais je n'allais pas te mentir,
sûrement pas, même si je sais que c'est très difficile de me lire ...
vous étiez des enfants livrés à lui
Ce sont aussi des impressions d'enfant
et des souvenirs forcement exagérés et grossis.
je l'espère ..."
Malheureusement, non, rien d'exagéré...
J'avais 11ans1/2 ( elle aussi) lorsque nous avons déménagé.
Nous ne nous sommes jamais revues!
Par la suite l'inceste s'est installé!
Voilà, depuis, j'en suis toute retournée.
Enfin quelqu'un admet ce que nous avons subi.
Enfin le statut de victimes semble pouvoir nous être attribué.
Je comprends les victimes de tout acte barbare
qui ont besoin d'un procès pour pouvoir
repartir à zéro.
Nous, rien....
Le silence imposé.
Par la famille,
par souci de pudeur....
Par contre mon amie semble avoir,
elle aussi subi de la violence.
Pas réussi à la faire parler!
Voilà, je ne la remercierai jamais assez
pour avoir eu la franchise
de me dire !!!!
Evidemment, nous avons vécu
tout cela à une époque
où on n'en parlait pas!
A 14 ans, ma soeur ( j'en avais 15)
a fait une tentative de suicide...
Pas de suivi psychologique,
Pas de questions,
Rien, retour dans la famille !!!
Maintenant ma mère nous dit :
dans toutes les familles, il y a des problèmes.
Elle interdit les gros mots,chez elle.....
Elle interdit les téléphones portables, chez elle...
Elle est pleine de principes!
COMMENT PARDONNER ?
Les Enfoirés - Qui a le droit par val6210
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